jeudi 10 octobre 2024

La maison de Bretagne

La maison de Bretagne,

Marie Sizun, 
Ed. Gallimard, 2022


Mot de l'éditeur :

Décidée à vendre la maison du Finistère, où depuis l’enfance, elle passait ses vacances en famille, parce que restée seule, elle n’en a plus l’usage, et surtout parce que les souvenirs qu’elle garde de ce temps sont loin d’être heureux, Claire prend un congé d’une semaine de son bureau parisien pour régler l’affaire. Elle se rend sur place en voiture un dimanche d’octobre. Arrivée chez elle, une bien mauvaise surprise l’attend. Son projet va en être bouleversé. Cela pourrait être le début d’un roman policier. Il n’en est rien ou presque. L’enquête à laquelle la narratrice se voit soumise n’est que prétexte à une remontée des souvenirs attachés à cette maison autrement dramatique pour elle.

Et si, à près de cinquante ans, elle faisait enfin le point sur elle-même et les siens ?

Dans La Maison de Bretagne, Marie Sizun reprend le fil de sa trajectoire littéraire et retrouve le thème dans lequel elle excelle : les histoires de famille. Il suffit d’une maison, lieu de souvenirs s’il en est, pour que le passé non réglé refasse surface. L’énigme d’une mère, l’absence d’un père, les rapports houleux avec une sœur, voici la manière vivante de ce livre. Mais comme son titre l’indique, c’est aussi une déclaration d’amour à la Bretagne, à ses ciels chahutés et sa lumière grandiose, à l’ambiance hors du temps de ce village du bout des terres, face à l’Océan, où le sentiment de familiarité se mêle à l’étrangeté due à une longue absence.


Ma lecture :

J'ai lu un roman de Marie Sizun il y a dix ans, Le père de la petite. J'étais contente de retrouver sa plume dans les embruns de mon cher Finistère... 

Claire, célibataire parisienne entre deux âges, se décide enfin à retourner dans la maison familiale de Bretagne, celle des vacances et des mauvais souvenirs. Depuis le décès de ses parents, et la renonciation de sa sœur à l'héritage, elle en est la seule propriétaire. Propriétaire des volets branlants, des fauteuils d'un autre temps, d'une plomberie capricieuse, et des douleurs familiales. Son retour en Bretagne ne durera que quelques jours, le temps de voir le notaire et l'agence immobilière pour mettre cette foutue maison en vente. Elle sera alors libre des souvenirs vermoulus.

Mais en arrivant dans cette maison, au bout du boulevard de l'océan, elle découvre un cadavre sur le lit de la chambre du bas. Un cadavre. Que doit-elle faire ?

Elle se retrouve alors à devoir rester dans la maison le temps de l'enquête. Le temps des promenades dans les embruns, dans les vieilles pierres. Dans les souvenirs ? Tout doucement. Et la taiseuse finira même par discuter avec sa voisine. Se peignent alors d'autres portraits de sa grand-mère, de son père, de sa mère, de sa sœur. Les rancunes et rancœurs, une fois seule avec son cœur, s'estompent et se fondent dans le décor.

Et si...
Et si elle la gardait, finalement, cette maison de famille, cette maison de Bretagne ?

Chauvine, j'ai beaucoup aimé ce roman qui se passe dans ma région. J'ai surtout aimé la plume délicate, incisive et mélancolique de Marie Sizun. Le passé de Claire se compose pièce après pièce, comme un puzzle, avec cette langueur automnale dans laquelle se situe le roman. Dans cette nouvelle lumière, elle voit ls choses autrement, accepte de ne pas tout savoir et se prélasse dans ce clair-obscur des souvenirs. Pas trop sombres pour ne pas sombrer, éclairés par une lumière douce pour avancer, plus lumineuse, vers un après.

Une question ressort de ma lecture : peut-on se séparer de ces souvenirs ?
Vous avez quatre heures !




Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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