La clandestine de Jersey,
Jenny Lecoat,Ed. Mercure de France, 2022
Mot de l'éditeur :
À l'heure du déjeuner, en voyant la queue devant le mess des officiers, le lieutenant Kurt Neumann décida d'aller fumer une cigarette et d'attendre un peu. Il était sur le point d'en allumer une quand il vit quelque chose et s'immobilisa, la flamme de son briquet agitée par la brise. Une jeune fille pâle et très mince, aux cheveux blonds doré relevés en chignon, venait d'apparaître entre deux bâtiments administratifs, l'air un peu perdue. Ce qui le frappa le plus, ce furent ses yeux. Ils étaient immenses, couleur de la mer à Rozel Bay, avec le regard effrayé d'un petit animal et aussi une lueur de défi.Pour lui, c'est aussitôt le coup de foudre. Pour elle, ce sera un peu plus long. Mais il s'agit d'un amour impossible, interdit. Kurt est officier de la Wehrmacht et appartient aux troupes qui occupent les îles anglo-normandes depuis juin 1940. Et Hedy Bercu, réfugiée venue d'Autriche en 1938 pour fuir l'Anschluss, est juive. D'abord discrète, leur liaison va devenir ultra-secrète quand Hedy, pour échapper à la déportation, doit littéralement disparaître. Elle vivra cachée jusqu'à la fin de la guerre chez Dorothéa Le Brocq, une habitante de Jersey - qui risquait sa vie en l'hébergeant - et sans jamais sortir, avec pour seules et rares visites celles de son amoureux, sur qui la police secrète a de plus en plus de soupçons...Cette histoire est authentique. Et Dorothea Le Brocq a été honorée bien plus tard au titre de Juste parmi les Nations.
Dealer : de seconde main
Ma lecture :
Je veux toujours lire des romans en lien avec mes lieux de villégiature. J'étais très contente de trouver La clandestine de Jersey qui se déroule donc à Jersey, en pleine Occupation.
L'autrice Jenny Lecoat revient sur une histoire vraie : une jeune femme juive, Hedwig Bercu, a été cachée sur l'île par Dorothea Weber-Le Brocq, d'ailleurs reconnue comme Juste après guerre.
Nous voilà donc en pleine Occupation à Jersey à suivre le quotidien d'Hedy, depuis l'arrivée massive des Allemands en 1940 jusqu'à leur départ en 1945. D'origine autrichienne, elle parvient à se faire embaucher comme traductrice à l'Etat-Major allemand. C'est là que la guerre tournera deux fois pour elle. Elle se risque d'abord à voler des tickets d'essence pour aider son médecin puis elle tombe amoureuse d'un officier allemand, Kurt. Tous les deux sont étrangers dans ce pays, elle sauve sa peau, et lui n'est pas à l'aise avec cet uniforme trop grand pour lui. Il ne partage pas l'idéologie qui circule parmi ses équipiers. Ils vivent alors un amour fou et interdit, qui rend cette guerre plus supportable mais encore plus dangereuse pour l'un et l'autre. Ils sont bientôt démasqués et Hedy doit disparaître...
J'ai beaucoup aimé en apprendre davantage sur le quotidien des îliens pendant l'Occupation, et le fait d'avoir lu le roman sur place et visité le Jersey War Tunnels me plongeant dans ce contexte historique m'a permis de visualiser concrètement les lieux. L'autrice présente une situation juste et complexe en montrant l'hostilité des habitants envers l'Occupant, puis en abordant l'abandon de l'île par le gouvernement britannique pendant quelques temps.
La romance était plutôt bien menée mais parfois trop présente. Certains détails, inutiles pour l'histoire, m'ont gênée, c'est dommage. J'ai surtout aimé la relation entre Hedy et Dorothea, unies par Anton, meilleur amie de la première, et fiancé de la seconde. Avant de partir au front, il fait promettre à Hedy de veiller sur Dorothea. Elles n'ont pas grand chose en commun et ce sera finalement Dorothea qui veillera sur la jeune fille jusqu'à lui sauver la vie.
Bref, le roman déroule l'Occupation des îles anglo-normandes pendant la Seconde Guerre mondiale en y montrant toutes les facettes : politiques, économiques, sociales et humaines. Un meilleur dosage de la romance aurait fait de ce roman un coup de cœur !
Photo : Jersey Tunnels War
Mise en scène : Jersey Tunnels War
(Photo personnelle)
(Photo personnelle)
Merci à la Bibliothèque de Jersey !
(Photo personnelle)
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?