Falaises,
Olivier Adam,
Ed. de l'Olivier, 2005
Mot de l'éditeur :
Étretat. Sur le balcon d'une chambre d'hôtel, un homme veille. Au bout de son regard : les falaises éclairées d'où s'est jetée sa mère vingt ans plus tôt. Le temps d'une nuit, le narrateur déroule le film de sa vie, cherche dans sa mémoire rétive les traces de sa mère disparue. Une question s'immisce peu à peu dans son esprit : comment suis-je encore en vie ? Un récit intimiste à la puissance d'émotions exceptionnelle.
" Le très beau livre d'Olivier Adam ressemble à un de ces galets qu'on trouve sur la Côte d'Albâtre, d'apparence si lisse, si pure, et pourtant sans cesse bousculés par la mer déchaînée, par la mère déchirée. "
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur
Ma lecture :
Depuis sa chambre d'hôtel, le narrateur regarde les falaises éclairées d'Etretat. Vingt ans plus tôt, ce sont ces falaises qu'avait choisies sa mère pour s'y jeter, le laissant, brisé, avec son frère et son père. Il n'avait que 11 ans.
Alors en cette nuit du souvenir, le narrateur invoque les fantômes du passé pour tenter d'éclairer sa mémoire. Mais ce drame a occulté tous ses souvenirs d'avant. A-t-il été heureux dans cette famille aujourd'hui anéantie ? Il a dû grandir amputé de sa mère. Il a quitté son père et son frère, qu'il revoit dans un nuage de fumée de façon tout à fait sporadique. Ce drame n'a-t-il pas ouvert la porte à d'autres drames ? Il erre dans sa mémoire comme il errait sur les boulevards, de bars en bars, s'étourdissant dans les bras de sa voisine de palier, elle aussi étourdie par l'alcool et les médicaments.
Au bord de la falaise de ses souvenirs, de sa mémoire abrupte, il serait si facile de se laisser tomber. Comme sa mère. Mais, de l'autre côté du mur, emmitouflées dans les draps de la chambre d'hôtel, sa femme et sa fille dorment et leur chaleur lui tendent les bras. Son salut.
Au bord de cette même falaise, j'ai été, une fois de plus, éblouie par l'écriture d'Olivier Adam, plus de 10 ans après ma première lecture de ce roman.
L'auteur signe là un roman vraiment sombre mais magnifiquement écrit. On sent le narrateur écorché vif à regarder les fortes vagues s'écraser sur les falaises, comme il s'est pris la vie (ou la mort) en pleine face. On sent le vieux marin, non pas usé par la mer mais par les péripéties de la vie. Un véritable cri qui vous déchire le cœur, qui vous tord les boyau comme un vrai mal de mer sait le faire. Ici, c'est le mal de vivre, ou le vivre mal. Comme les vagues s'écrasant sur les falaises, c'est violent et poétique.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?