vendredi 29 mars 2024

Pour le sourire d'Isabelle

Pour le sourire d'Isabelle,

Fanny André,
Ed. Presses de la cité, 2020


Mot de l'éditeur :

A Trouville, lors de l'enterrement de son fils Arnaud mort d'un AVC, Camille, quatre-vingts ans, guette l'arrivée de son ex-belle-fille, Isabelle, la quarantaine, avec laquelle elle s'entendait très bien. Les deux femmes restent ensemble après l'enterrement et leur complicité passée resurgit. Isabelle ne va pas bien ; triste et amaigrie, elle a fait un burn-out et quitté son cabinet d'avocats. Camille est aussi à une étape clé de sa vie : elle a décidé de mettre en vente la maison normande où elle vit pour retourner dans sa Bretagne natale. Au cours de leur conversation, elles font le projet de réaliser un ancien rêve : un voyage ensemble. Chacune montrerait à l'autre les beautés de son terroir – Isabelle la Normandie et Camille la Bretagne – afin de mettre un terme à la gentille rivalité qu'elles ont toujours entretenue autour de la plus jolie région d'origine. C'est surtout l'occasion pour Camille de fuir le deuil qu'elle vient de vivre et pour Isabelle de reprendre pied...

Une belle complicité féminine et intergénérationnelle face au deuil.
Une épopée savoureuse racontée à deux voix entre Normandie et Bretagne.
Un roman plein de charme et de profondeur !


Dealer : Bibliothèque de Sibiril (29)


Ma lecture :

Evidemment que j'ai choisi ce roman pour son titre. J'ai donc... souri à la tentation.

C'est l'histoire d'un road trip entre deux deuils. Camille, octogénaire déjà veuve, vient de perdre son fils. Isabelle, quadragénaire divorcée en dépression, vient de perdre son ex-mari. Arnaud réunit, malgré lui, les deux femmes de sa vie. La Bretonne de cœur va montrer sa Bretagne à la Normande de souche. Et on verra bien qui, entre le cidre breton et le cidre normand, gagne à la fin. Un petit jeu sans conséquences. Un prétexte à l'évasion, à la fuite. Aux confidences. Aux souvenirs.

J'ai particulièrement aimé deux choses.
La première est la question de la maternité. Camille a eu beaucoup de mal à concevoir son fils unique, Arnaud et a souffert du baby-blues à sa naissance. Elle n'a jamais compris cette ambivalence d'émotions. A son époque, le terme n'existait pas, une mère ne pouvait qu'être heureuse dans cet heureux événement. Isabelle, quant à elle, a toujours été ferme sur ce point, jusqu'à mettre son mariage en péril : elle ne souhaite pas d'enfant. Elle est incomprise par la société et d'ailleurs, la langue française n'offre pas de mot pour ces couples sans enfants. Ces deux femmes ont en commun la maternité difficile, jugées par leurs pairs, presque honteuses.

L'épisode qui m'a le plus bouleversée est la visite de la maison d'enfance de Camille. Elle ose frapper à cette porte et rentrer dans ce foyer inconnu abrité par les murs qui ont protégé son enfance. Les souvenirs ont ailleurs rejailli. Les marques dans le bois. Le craquement des escaliers. C'était un très beau moment de lecture.

Un road trip initiatique entre deux générations, deux cultures. J'ai beaucoup aimé cette retenue délicate et bienveillante entre ces deux femmes qui, en théorie, n'ont rien à faire ensemble. Chacune accompagne l'autre vers une reconnexion, une reconstruction. 

Bref, un beau roman sur l'art des nouveaux départs, entre mélancolie et résilience.

Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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