L'île haute,
Valentine Goby,
Ed. Actes Sud, 2022
Mot de l'éditeur :
Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il
découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable
se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se
dessinent dans l'épaisseur du brouillard. Là-haut, la nature règne en
maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des
hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d'une humanité
décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager
leur monde avec ce citadin, ébahi.
Dealer : Bibliothèque de Sibiril
Ma lecture :
J'avais beaucoup aimé Kinderzimmer, L'échappée et Murène de Valentine Goby, alors quand j'ai su que l'auteur venait défendre son dernier roman, L'île haute, à deux pas de la maison, je me suis décidée à le lire.
Les premières pages m'ont déroutée : on ne sait pas vraiment où on est, ni quand, ni avec qui. Enfin, nous sommes avec un garçon et une religieuse dans un train en route vers Chamonix. A la descente du train, un paysage blanc et glacé nous attend. Tellement blanc qu'on ne reconnait rien en dessous. Puis, lentement, la montagne apparaît, avec ses différentes nuances et ses nombreux pics. Mais le petit garçon n'a pas les mots pour décrire ce spectacle qui s'offre à lui et il se demande ce que peut bien être cette montagne silencieuse.Finalement, on apprend que le petit garçon vient de Paris, qu'il s'appelle Vincent et que la montagne va soigner son asthme. Officiellement. Parce que nous le découvrons bientôt, nous sommes en 1942. Et Vincent ne s'appelle pas tout à fait Vincent. Et ce village, ce hameau, niché au milieu de la neige des montagnes ne va pas seulement soigner son asthme, elle va le sauver. Lui, pour qui la plus haute montagne est le Sacré-Coeur, est ébahi devant ce nouveau paysage qui lui inspire un nouveau souffle.
Lentement, inexorablement, la neige fond pour laisser apparaître les pierres, les prés à cultiver, certains secrets. Le cocon n'est plus enfoui sous ce blanc silencieux mais s'offre à la vie. Or, en 1942, quand on ne s'appelle pas tout à fait Vincent, il vaudrait mieux rester caché sous ce blanc silencieux.
L'île haute est une ode à la montagne et ses saisons, vecteurs de nuances de couleurs et de rythmes de vie. Valentine Goby la magnifie avec sa plume poétique. C'est un roman contemplatif qui offre la part belle à la montagne savoyarde, au détriment, peut-être des émotions des personnages. Passionnée par la Seconde Guerre mondiale, j'aurais aimé en apprendre davantage sur les réseaux de passeurs, les réseaux de Résistance et les enfants cachés. Si le contexte historique est présent, la montagne englobe tout. En même temps, ce n'est pas anodin : la montagne et son cycle de vie l'emporte sur les taches sombres de l'Histoire. La vie, elle, qu'importent les guerres, renaît toujours, éclatante. Comme le printemps éclate dans un camaïeux de couleurs, après les mois enneigés.
Avis des lecteurs:
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