Les suppliciées du Rhône,
Coline Gatel,
Ed. Préludes, 2019
(Livre de Poche, 2021)
Mot de l'éditeur :
Lyon, 1897. Alors que des corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés
dans la ville, pour la première fois des scientifiques partent à la
recherche du coupable, mettant en pratique sur le terrain toutes les
avancées acquises en cette fin de XIXe siècle.
Autopsies des victimes, profils psychologiques des criminels, voilà ce
que le professeur Alexandre Lacassagne veut imposer dans l'enquête avec
son équipe, mais sait-il vraiment ce qu'il fait en nommant à sa tête
Félicien Perrier, un de ses étudiants aussi brillant qu'intrigant ?
Entouré d'Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un
carabin cent pour cent janséniste, Félicien va dénouer, un à un, les
fils enchevêtrés de cette affaire au cœur d'un Lyon de notables,
d'opiomanes et de faiseuses d'anges. Jusqu'à ce que le criminel se
dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de
ses limites.
Dealer : SP des éditions Préludes, que je remercie
Ma lecture :
Lorsque j'ai lu les mots enquête, Lyon, et Croix-Rousse, mon sang n'a fait qu'un tour : quoi, Les 6 Compagnons se sont reformés ? Enfant, j'étais super fan de ces enquêteurs en herbe qui parcouraient la France sur leurs mobylettes.
Enfin bref !
Nous voilà dans le Lyon d'avant notre siècle, en 1897. Grâce au professeur Lacassagne et à son étudiant Perrier, la police lyonnaise s'allie à la science. On connait tous Les Experts, mais à l'époque, empreintes, autopsies et profils psychologiques sont des notions qui ne font que balbutier sur les coins de table. J'ai donc trouvé très intéressant d'assister à la naissance de la police scientifique, le monde ancien faisant un pas vers le monde moderne.Quant à l'enquête : des meurtres en séries de femmes sans aucun lien, était rondement menée. Aucun lien...sauf celui d'avoir eu recours à une faiseuse d'ange. Mais pourquoi ces filles, Marthe, Eka, Rosalie et Eulalie ? Quel est le motif du tueur ?
Avec son équipe d'enquêteurs, de la police aux journalistes, Coline Gatel nous emmène dans les bas-fonds du vieux Lyon, où tout est permis : opiums, prostitutions et crimes. On imagine les ruelles sombres aux pavés irréguliers, souillés par les eaux usées et l'urine, des hommes en chapeaux hauts-de-forme et grands impers, et des femmes, tantôt de meurs légères, tantôt, comme Irina, plus modernes. Ce polar historique brosse le portrait d'une société qui va bientôt être bouleversée par la Première Guerre Mondiale. Elle aborde la condition des femmes avec pertinence et avec le regard de celle qui vit dans le monde d'après. Et c'est regard-là que j'ai trouvé amusant, ce regard de clairvoyance sur cette société désuète en terme de féminisme et de justice. Parfois l'auteur s'amuse d'expressions anachroniques assez délicieuses.
Les personnages sont complexes et ne se dévoilent qu'au dernier moment, pour la bonne tenue de l'intrigue, bien sûr ! J'ai cependant eu du mal à rentrer dans le roman, peut-être assaillie par tous ces personnages, mais une fois que nous nous sommes apprivoisés, c'est toujours difficile de se quitter...
Je ressors ravie de ce polar historique et ai déjà hâte de lire la suite, Le labyrinthe des femmes, et de retrouver Irina qui, je le sens, n'a pas livré tous ses secrets...
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?