dimanche 11 octobre 2020

Orphelins 88

Orphelins 88,

Sarah Cohen-Scali,
Ed. Robert Laffont, 2018
Ed. France Loisirs, 2020


Mot de l'éditeur :

Munich, juillet 1945.
Un garçon erre parmi les décombres...Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D'où vient-il ? Il n'en sait rien. Il a oublié jusqu'à son nom. Les Alliés le baptisent " Josh " et l'envoient dans un orphelinat où Ida, directrice dévouée, et Wally, jeune soldat noir américain en butte au racisme de ses supérieurs, vont l'aider à lever le voile de son amnésie.
Dans une Europe libérée mais toujours à feu et à sang, Josh et les nombreux autres orphelins de la guerre devront panser leurs blessures tout en empruntant le douloureux chemin des migrants.
Si ces adolescents sont des survivants, ils sont avant tout vivants, animés d'un espoir farouche et d'une intense rage de vivre.
Un roman saisissant qui éclaire un pan méconnu de l'après- Seconde Guerre mondiale et les drames liés au programme eugéniste des nazis, le Lebensborn.


Dealer : Partenariat France Loisirs


Ma lecture :

Depuis sa sortie il y a deux ans, je savais que je lirai ce roman, encore toute retournée par ma lecture de Max. Avez-vous lu Max ? Sarah Cohen-Scali retrace l'histoire d'un bébé, Max donc, conçu et élevé dans un Lebensborn et voué à repeupler l'Allemagne de sang pur.

Si je vous reparle brièvement de Max, c'est qu'Orphelins 88 pourrait en être la suite. Pourrait, seulement. Le narrateur personnage, qui a oublié son et ses réelles origines, formaté par le Lebensborn et la Napola, l'école hitlérienne, a le côté naïf de Max. Au début du roman, en 1945, ce jeune garçon est tiraillé entre ses deux bras : le droit qui a tendance se lever en mémoire de feu-Hitler, et son bras gauche tatoué d'un étrange numéro. Incompatibles, ces deux bras, n'est-ce pas ? Comment un enfant peut-il à la fois être tatoué, et donc, survivant d'un camp de concentration, et être nazi ? Réfugié dans un orphelinat pour enfants déplacés, il s'interroge... Grâce à ses efforts, sa mémoire lui revient peu à peu il il parvient à retracer son parcours pendant la guerre. Aidé par un chauffeur américain et les infirmières de l'orphelinat, il finira par retrouver son nom et son prénom, mais retrouvera-t-il sa famille ? Dans une Europe en pleine débâcle, le jeune garçon partira en quête des siens...

Le côté naïf du jeune garçon permet à l'auteur, Sarah Cohen-Scali, de poser des questions dérangeantes mais terriblement pertinentes. Par exemple, nous sommes donc en 1945-46, la guerre est terminée, mais la Pologne ne veut toujours pas des ses réfugiés juifs polonais : l'armistice n'a pas aboli les antisémitismes et la pensée nazie... Les USA viennent en sauveurs tels des anges irréprochables alors que chez eux, les Noirs sont encore privés de leurs droits civiques. Le monde, en 1945, doit assumer ses démons, aller de l'avant, et vaincre ses incohérences. Penser que cela puisse être possible est bien sûr utopique. J'ai vraiment apprécié ces questions doucement soulevées par ce jeune garçon.

Je n'ai pas encore lu La race des orphelins, d'Oscar Lalo, sorti à cette rentrée littéraire, mais Orphelins 88 répond à beaucoup de mes questions, en effet, que sont devenus ces enfants formatés, et parfois crées, par le nazisme ?

Merci Sarah Cohen-Scali pour ce roman qui pose les questions de l'après-guerre, de ce monde parfois en deuil du nazisme à qui Russes et Américains promettent des merveilles... Pour avoir lu une multitude de romans traitant de la Seconde Guerre Mondiale, j'ai apprécié ce regard plus original, plus tabou : le sort de ces enfants voués à peupler l'Allemagne, l'Europe et le Monde d'une race supérieure, mais dont personne ne semble vouloir.
J'ai trouvé terriblement poignant ces murs des villes où familles et survivants laissent des messages pour retrouver leurs proches. Ce sont souvent, malheureusement, des bouteilles à la mer, mais parfois, parfois seulement, les miracles existent...

Je remercie également France Loisirs pour leur confiance !

 


Avis des lecteurs:

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