vendredi 24 février 2017

Celui qui va vers elle ne revient pas

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Celui qui va vers elle ne revient pas,

Shulem Deen,
Editions Globe, 2017



Mot de l'éditeur :
Shulem Deen a été élevé dans l’idée qu’il est dangereux de poser des questions. Membre des skver, l’une des communautés hassidiques les plus extrêmes et les plus isolées des États-Unis, il ne connaissait rien du monde extérieur. Si ce n’est qu’il fallait à tout prix l’éviter.
Marié à l’âge de dix-huit ans, père de cinq enfants, Shulem Deen alluma un jour un poste de radio – une première transgression minime. Mais sa curiosité fut piquée et le mena dans une bibliothèque, puis sur Internet, et ébranla les fondements de son système de croyances. Craignant d’être découvert, il sera finalement exclu pour hérésie par sa communauté et acculé à quitter sa propre famille. Dans ce récit passionnant, il raconte ce long et douloureux processus d’émancipation et nous dévoile un monde clos et mystérieux. Une expérience qui a propulsé l’auteur dans une remarquable carrière littéraire.



Dealer : SP Anne&Arnaud, Merci !



Ma lecture :

Passionnée de littérature autour de la Seconde Guerre Mondiale, l'univers Juif m'intéresse également. Les deux sont malheureusement liés. Mais ici, il n'est nullement question d'Holocauste mais d'une branche précise du Judaïsme, l'Hassidisme. Et là, vous allez me demander, je le crains, ce qu'est l'Hassidisme. Vaste question, je vous dirige vers notre ami Google, mais d'après ce que j'ai appris dans ce livre, c'est un renouveau de la religion juive où les familles vivent en communautés fermées sur le monde extérieur (pas de radio, télé, internet), les hommes doivent étudier la Torah des années durant. Les Juifs Hassidiques se reconnaissent par un folklore vestimentaire : hommes à barbes, papillotes et haut de forme ; les femmes se rasent la tête qu'elles couvrent de perruque puis de foulard, ... La Communauté reste figée autour des principes strictes de la Torah et ne tolèrent aucun assouplissement de la religion. Ce n'est pas facile à expliquer, c'est un univers que j'ai vraiment découvert avec ce livre. D'ailleurs, tout le long de ma lecture, il fallait que je me redise : Attends, nous sommes aux Etats-Unis, dans les années 90-2000 ! En effet, vu le mode de vie de la communauté, on se serait cru dans un pays du Moyen-Orient des années 20 ! J'ai aussi fait le lien avec des reportages que j'avais vu sur les Mormons, ces communautés qui vivent totalement comme au temps de La petite maison dans la Prairie (oui, c'est réducteur de dire ça, mais pour vous faire une idée...). Vous l'aurez compris, il m'a été assez difficile de me représenter la communauté...

Mais c'est dans cet univers a évolué l'auteur de ce livre, Shulem Deen. Lui aussi s'est laissé pousser des papillotes, a étudié la Torah des heures et des années durant dans une Yeshiva, s'est marié jeune, a eu 5 enfants, ... Mais sa foi s'est dissipé, le doute s'est installé. Peu à peu, il a enfreint les règles : il est allé dans une médiathèque new-yorkaise (et laïque), a écouté la radio, a caché une télévision chez lui pour la regarder, et a même fini par acheter un ordinateur et se connecter à Internet. Pire que ça, il a créé un blog, Hasidic's Rebel où il parlait de religion, de vie familiale, ... sans toutefois s'épancher sur ses doutes au sujet de sa foi. Et pourtant, sa foi s'ébranlait au fil des semaines, au fur et à mesure qu'il découvrait le monde extérieur. Sa femme, de son côté, restait fidèle aux préceptes hassidiques. La Communauté, quant à elle, ne tolère pas les égarement, et voilà Shulem exclu, banni et honni.
Dans Celui qui va vers elle ne revient pas, Shulem confie tout cela : la genèse de son mariage, sa vie d'Hassidique, ses doutes, et sa découverte d'un autre monde que celui dans lequel il a toujours été confiné.
La lecture était parfois ardue à cause des termes spécifiques au Judaïsme, mais contrairement à ce que je pensais au début, je ne me suis pas ennuyée, emportée dans les pensées de Shulem et par sa motivation à vivre autrement dans une communauté où il n'est permis aucune dérive. Je ne soupçonnais pas ce genre de communauté au XXIè siècle, et pourtant je ne vis pas dans un monde privé d'internet ou de bibliothèques ! Une belle découverte, c'est certain. J'ai trouvé le parcours de Shulem Deen fort, beau, atypique, poignant. Il a quand même perdu sa famille pour pouvoir vivre libre dans un monde libre. Mais y est-il parvenu, renié par sa femme et ses enfants ? Je me le demande...
Je me demande aussi comment son récit a été perçu lors de sa sortie aux Etats-Unis, par les Hassidiques, car son témoignage est quand même violent...
Je conseille cette lecture, qui est moins difficile qu'elle n'y paraît, ce n'est pas  de la science-fiction, mais presque !

Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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