jeudi 11 octobre 2018

Nos richesses

Nos richesses,

Kaouther Adimi,
Ed. Seuil, 2017
Ed. Points, 2018


Mot de l'éditeur :

En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Alger avec une seule idée en tête, prendre exemple sur Adrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot le sait, sa vocation est de choisir, d'accoucher, de choisir de jeunes écrivains de la Méditerranée, sans distinction de langue ou de religion. Placée sous l'égide de Giono, sa minuscule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pour inaugurer son catalogue, il publie le premier texte d'un inconnu : Albert Camus. Charlot exulte, ignorant encore que vouer sa vie aux livres, c'est aussi la sacrifier aux aléas de l'infortune. Et à ceux de l'Histoire. Car la révolte gronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerre mondiale.
En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts. Mais lui n'éprouve qu'indifférence pour la littérature. Étudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres céderont bientôt la place à des beignets. Pourtant, vider ces lieux se révèle étrangement compliqué par la surveillance du vieil Abdallah, le gardien du temple.




Ma lecture :

"Dès votre arrivée à Alger, il vous faudra prendre les rues en pente, les monter puis les descendre. (...) Puis vous parviendrez enfin rue Hamani, l’ex-rue Charras. Vous chercherez le 2 bis que vous aurez du
mal à trouver car certains numéros n’existent plus. Vous serez face à une inscription sur une vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Face à l’Histoire, la grande, celle qui a bouleversé ce monde mais aussi la petite, celle d’un homme, Edmond Charlot, qui, en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les vraies richesses."

Le ton est donné. Pénétrez la casbah d'Alger et sillonnez les ruelles. Vous tomberez sur une petite librairie mal indiquée, qui ne paie pas de mine : la librairie des Vraies Richesses. Écoutez alors son histoire.
L'histoire d'Edmond Charlot qui, en 1936, ouvre sa petite librairie, Les Vraies Richesses, à Alger. Avec ce nom, il rend hommage à Jean Giono, son auteur préféré. Edmond Charlot est amoureux des livres : lecteur, libraire, il est aussi éditeur et publie, bien avant Gallimard, un certain Albert Camus. A travers l'histoire de cette librairie, le lecteur découvre l'histoire d'Alger des années 30 à aujourd'hui. Années après années, la librairie change de statut. Elle devient annexe oubliée de la Bibliothèque d'Alger pour finir abandonnée, prête à être vidée pour la remplacer par une échoppe de donuts. La culture ne rapporte pas, le sucre, si ! Vraiment, l'histoire de cette librairie est fascinante !

Le roman se compose de deux parties, deux temporalités entremêlées : des années 30 à 60, Edmond Charlot tient un journal où il raconte les aventures de sa librairie, de sa création à sa destruction lors d'un attentat perpétré par l'OAS. En parallèle, nous suivons Ryad, un Français d'origine algérienne chargé de venir à Alger fermer la librairie. Nous sommes donc plongés dans l'excitation et la joie d'une création de librairie et dans la désillusion. Le travail de dizaines d'années d'Edmond Charlot a littéralement volé en éclat. Que reste-t-il de nos œuvres ?

Kaouther Adimi
nous offre un beau roman sur l'amour des livres, de l'écriture à la lecture, en passant par l'édition. La vie souffle les murs, rafle les hommes, mais finalement, les écrits, les livres restent. Encore faut-ils qu'ils ne soient pas eux-mêmes oubliés pour pouvoir être lus et rendus à la vie...




 #PMR2018

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