mardi 27 décembre 2016

La fille sur la photo







La fille sur la photo,
Karine Reysset,
Ed. Flammarion, 2017


Mot de l'éditeur :
Quand elle accourt au chevet de Garance, la fille de son ancien compagnon, Anna doit faire face à tout ce qu'elle a cru laisser derrière elle. Le foyer qu'elle a fui et la place incertaine qu'elle y a tenue pendant dix ans. Son histoire d'amour avec le «grand homme», réalisateur de renom, qu'elle a quitté pour un admirateur plus inquiétant qu'il n'en avait l'air. Les trois enfants qu'elle a «abandonnés», après les avoir aimés comme s'ils étaient les siens. Les raisons de son départ, dont elle-même a fini par douter, et les traces qu'il a laissées dans le cœur des uns et des autres. Est-il trop tard pour recoller les morceaux ? Est-ce seulement souhaitable ?Avec autant de vigueur que de délicatesse, Karine Reysset suit son héroïne dans sa quête d'identité et d'indépendance.

Dealer : Karine Reysset, un grand merci !


Ma lecture :

Karine Reysset nous offre, avec son roman de la Rentrée Littéraire de Janvier, un nouveau portrait de femme fragile à la dérive. Cette femme, c'est Anna, trentenaire, célibataire sans enfants, sans attaches, mais attachée à son ancien compagnon et à ses trois enfants avec lesquels elle a vécu dix ans. Cette séparation ne s'est pas faite sans heurts, elle aimait Garance, Chloé et Arthur comme les siens, et eux l'aimaient comme leur mère. La séparation brutale, la fuite d'Anna a été douloureuse. Un an plus tard, Garance, la plus petite est au plus mal. Serge, le père, appelle Anna pour les aider. Mais que peut-elle faire, elle qui avait du mal à trouver sa place dans cette famille, qui vivait mal le deuil de sa mère qui l'avait abandonnée enfant, qui erre d'une vie à l'autre en ayant peur de s'attacher ? De retour à Saint-Malo, là où elle a, sommes toutes, été heureuse, ses souvenirs affluent avec force. Son bonheur passé, sa place restée libre, laissent libre cours à la nostalgie mais des sentiments divergents la rappellent à la réalité. Difficile de gérer tout ça. Ne serait-il pas plus facile de fuir, encore une fois ?
La fille sur la photo est bien sûr un roman sur l'identité, la place que chacun prend dans l'intimité d'une famille et plus généralement dans la société. Anna était la compagne d'un grand réalisateur, mais elle, n'a-t-on jamais pensé à ce qu'elle était vraiment, derrière ce rôle de "compagne de" ? N'est-elle que l'ombre qu'on lui accorde d'être ? La réflexion sur l'identité est intéressante et parfois cinglante.
Le côté autobiographique est présent : Anna compagne d'un grand réalisateur vivant à Saint-Malo, le rapprochement avec la vie de Karine Reysset est vite établi. Mais cela a toujours été le cas, Karine Reysset est un écrivain du moi, et je dis ça sans connotation négative. L'écriture est un moyen de se libérer de certains états d'âmes, de certains fardeaux parfois, pour avancer sainement. Elle montre très bien dans le roman avec le personnage d'Anna, elle aussi écrivain. Ces aspects-là sont intéressants aussi : mettre en abyme un sujet autobiographique dans un roman, et parallèlement, la réflexion autour de l'écriture. Ces deux thèmes sont bien évidemment liés, ce qui les rend encore plus perspicaces.
Je dirai, pour terminer, un mot sur l'écriture. Je pense avoir lu tous les romans de l'auteur, et à ses débuts, l'écriture était beaucoup plus hachée, cela me paraissait difficile à lire. Aujourd'hui, l'écriture est plus souple, elle a gardé l'usage de phrases courtes, mais tout ceci est plus harmonieux et donc plus pertinent, plus percutant.
Bref, j'ai passé un bon moment de lecture, même si le sujet n'était pas des plus heureux ;) C'est un bon roman d'hiver, pour réfléchir au coin du feu, ou mieux, avec une vue sur les embruns.







Avis des lecteurs:

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