Patrick Modiano est né d'un père de confession juive d'origine italienne (Albert Modiano) et d'une mère belge, débarquée à Paris en 1942 (Louisa Colpijn mieux connue sous son nom d'actrice de cinéma belge Louisa Colpeyn)[1]. Ses parents se sont rencontrés dans le Paris occupé et ont vécu le début de leur relation dans une semi-clandestinité.
Son enfance se déroule dans une atmosphère particulière : entre l'absence de son père — au sujet duquel il entend des récits troubles — et les tournées de sa mère, il effectue sa scolarité de collège en pension. Cela le rapproche de son frère, Rudy, qui meurt de maladie à l'âge de 10 ans (les ouvrages de Patrick Modiano lui sont dédiés de 1967 à 1982). Cette disparition annonce la fin de l'enfance de l'auteur, qui gardera une nostalgie marquée de cette période.
Il fait ses études à l'école du Montcel à Jouy-en-Josas, au collège Saint-Joseph de Thônes (Haute-Savoie), puis au lycée Henri-IV à Paris. Ayant pour professeur particulier de géométrie Raymond Queneau, un ami de sa mère qu'il rencontre alors qu'il a 15 ans, il décroche son baccalauréat à Annecy mais n'entreprend pas d'études supérieures.
Sa rencontre avec l'auteur de Zazie dans le métro est cruciale. Introduit par lui dans le monde littéraire, Patrick Modiano a l'occasion de participer à des cocktails donnés par les éditions Gallimard. Il y publiera son premier roman en 1967, La Place de l'Étoile, après en avoir fait relire le manuscrit à Raymond Queneau. A partir de cette année, il ne fait plus qu'écrire.
Le 12 septembre 1970, Patrick Modiano épouse Dominique Zerhfuss. « Je garde un souvenir catastrophique de la journée de notre mariage. Il pleuvait. Un vrai cauchemar. Nos témoins étaient Queneau, qui avait protégé Patrick depuis son adolescence, et Malraux, un ami de mon père. Ils ont commencé à se disputer à propos de Dubuffet, et nous on était là comme devant un match de tennis ! Cela dit, ça aurait été amusant d’avoir des photos mais la seule personne qui avait un appareil a oublié de mettre la pellicule. Alors il ne nous reste qu’une seule photo, de dos et sous un parapluie !' » (Interview à Elle, 6 octobre 2003) De cette union naîtront deux filles, Zina (1974) et Marie (1978).
La littérature modianienne est d'abord construite à partir de deux thèmes majeurs : la quête de l'identité (la sienne et celle de son entourage), ainsi que l'impuissance à comprendre les désordres, les mouvements de la société. Ce qui produit un phénomène où le narrateur se trouve presque toujours en observateur, subissant, et essayant de trouver un sens aux nombreux évenements qui se montent devant lui, relevant des détails, des indices, qui pourraient éclaircir et constituer une identité. Modiano (ou son narrateur) se montre parfois comme un véritable archéologue de la mémoire, relevant et conservant le moindre document, insignifiant au premier abord, afin de réunir des informations à propos de lui même, de proches ou bien d'inconnus. C'est pour cela que certaines pages semblent être travaillées à la manière d'un détective ou bien d'un historiographe.
Autre obsession modianienne, la période de l'Occupation allemande. Né en 1945, il ne l'a évidemment pas connue, mais il s'y réfère sans cesse à travers le désir de cerner la vie de ses parents durant cette période au point de se l'approprier et d'y plonger certains de ses personnages. L'évidente duplicité de la position idéologique de ses parents tend ainsi à faire émerger dans ses oeuvres des protagonistes à la situation floue, aux limites et profils mal définis (notamment dans la première trilogie, dite "de l'Occupation", composée de ses trois premiers romans).
Le thème du père et de la paternité est à part chez Patrick Modiano. D'abord parce qu'il constitue l'épicentre de tout un réseau de thèmes secondaires variables (l'absence, la trahison, l'hérédité...), mais aussi parce qu'il s'agit d'un élément d'autofiction influençant l'ensemble de l'univers se dégageant des écrits. Ce thème est ainsi majoritairement présent en tant que toile de fond aux récits de Patrick Modiano.
Albert Modiano reste une énigme par divers points et l'écriture permet à l'auteur de les développer de façon libératrice. De sa jeunesse, on ignore quasiment tout, hormis sa participation à quelques trafics. Durant l'Occupation, il vit dans l'illégalité complète et utilise une fausse identité (Henri Lagroux) qui lui permet de ne pas porter l'étoile jaune. Mais le plus troublant reste un épisode dans lequel, après avoir été pris dans une rafle, Albert Modiano est emmené à Austerlitz pour un convoi. De façon surprenante, il sera rapidement libéré par un ami haut placé. L'identité de cet individu demeure floue. On suppose qu'il s'agit d'un membre de la bande de la rue Lauriston, c'est-à-dire la Gestapo française.
Ayant pour habitude de rencontrer son fils dans des lieux hautement fréquentés, comme les halls de gares et d'hôtels, Albert Modiano est toujours préoccupé par de mystérieuses affaires. Patrick décide à l'âge de 17 ans de ne plus le revoir. Il apprendra sa mort (jamais élucidée) sans jamais connaître le lieu de l'inhumation.
La seemaine dernière, France5 diffusait un documentaire sur Modiano. En effet, Pivot rencontrait l'auteur qui se promenait dans le Paris de ses romans, dans le Paris de sa vie.
Modiano, je l'ai découver lors de ma première année de lettres, à Brest. Le prof nous en parlait avec passion et nous racontait tous les détails nous permettant de comprendre le roman étudié : Livret de famille. Comme beaucoup de ses romans, le personnage est à la recherche de son père. Il y parle d'une époque d'après-guerre, et s'est beaucoup documenté sur rues, les habitants, les faits divers. L'auteur est d'avord un archiviste minutieux, pour lui permettre de se remémorer et imaginer l'ambiance. Né en 1945, la Guerre est une période ominiprésente dans ses romans, période qu'il n'a donc pas pu connaître directement.
Modiano a un univers particulier, clairsemé de brouillard puis de lumière. Une quête identitaire, les zones mystérieuses de l'après-guerre, il nous emmène avec lui dans ses récits.
Et il fait romancier parisien, la ville lui appartient, et dans cette ville, naissent ses personnages souvent perdus qu'on veut aider à retrouver leur chemin...
Si vous n'avez jamais lu de Modiano, laissez vous séduire, essayez-en un !
Je vous conseille Livret de famille, La place de l'Etoile, Voyage de noce, ou Des inoconnues.
Vous verrez, c'est...modianesque !
Bibliographie
* 1968 : La Place de l'Étoile (Prix Roger Nimier)
* 1969 : La Ronde de nuit
* 1972 : Les Boulevards de ceinture (Grand prix du roman de l'Académie française)
* 1974 : Lacombe Lucien
* 1975 : Villa triste
* 1977 : Livret de famille
* 1978 : Rue des boutiques obscures (Prix Goncourt)
* 1981 : Une Jeunesse
* 1982 : De si braves garçons
* 1984 : Quartier Perdu
* 1986 : Dimanches d'août
* 1988 : Remise de Peine
* 1989 : Vestiaire de l'enfance
* 1990 : Voyage de noces
* 1991 : Fleurs de Ruine
* 1992 : Un Cirque passe
* 1993 : Chien de printemps
* 1996 : Du plus loin de l'oubli
* 1997 : Dora Bruder
* 1999 : Des inconnues
* 2001 : La Petite Bijou
* 2003 : Accident nocturne
* 2004 : Un pedigree
* 2007 : Dans le café de la jeunesse perdue
** Modianesque : « Situation ou personnage clair-obscur ni logique ni absurde, entre les deux, entre l'ombre et la lumière, entre chien et loup. » (Pivot)
♪♪ Le baiser Modiano, Vincent Delerm
En voyant le nom "Patrick Modiano", je me disais que j'avais déjà lu un livre de lui... Et pourtant, en regardant sa bibliographie, aucun titre ne me saute aux yeux... Bizarre !
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