lundi 17 novembre 2025

J'ai perdu un Bédouin dans Paris

J'ai perdu un Bédouin dans Paris,

Arthur Essebag,
Ed. Grasset, 2024


Mot de l'éditeur :

Je m’appelle Arthur Essebag.
Depuis toujours, je vous divertis à la télévision. Je ne vous ai jamais parlé d’autre chose, car j’ai toujours considéré que ce n’était pas mon rôle.
Jusqu’à ce matin où l’impensable a surgi. Des milliers de terroristes. Des villages anéantis.
En quelques heures : 1 200 vies sauvagement brisées. D’autres traînées dans des tunnels, en otages.
Si le monde allait bien, il aurait pleuré. Comme moi j’ai souvent pleuré pour le monde. Mais ce jour-là, une partie de la planète s’est tue.
C’était le 7 octobre 2023. Le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah.
Ce fut une bascule, une descente aux enfers où j’ai entraîné ma famille, mes proches, dans une apnée interminable. Je voyais dans leurs yeux ma peur reflétée, ma colère, mon impuissance. Alors j’ai pensé à ma mère. À mes racines. À cette Histoire tatouée dans mon sang. Et mon ADN s’est mis à hurler : j’ai dit “Je” et j’ai dit “juif” .
Presque malgré moi. Je suis devenu une voix, dans le vacarme et le mensonge.
Et j’ai écrit. Parce que je n’avais plus d’air. Pour survivre. Pour transformer la douleur en action.
De mes voyages en Israël, sous les missiles du Hamas, de mes amis perdus et de ceux retrouvés, entre les larmes et les rires, est né ce livre. Un cri qui traverse les frontières. De Tel-Aviv à Gaza. Un cri qui nous demande : où est passée notre humanité ?
J’ai perdu un Bédouin dans Paris est mon premier livre.
Et ce Bédouin, finalement… c’est moi.


Ma lecture :

Cela fait plusieurs mois que je cherche une lecture sur l'antisémitisme contemporain, celui-là, le palpable, celui qui n'est plus à l'abri dans les livres d'Histoire. Celui qui brûle depuis longtemps déjà...  
Arthur est une personnalité populaire, familière même, à l'écran depuis tellement d'années, mais je n'aurai jamais pensé lire un livre de lui. Je ne cours pas après ses émissions. J'avais cependant repéré son récit, mais j'ai attendu, frileuse, les premières critiques. Et elles étaient plutôt bonnes. J'y suis donc allée.

L'attentat du 7-Octobre a ému le monde entier : ce carnage commis par le Hamas au Festival Nova a fait plus de 300 morts parmi les civils israéliens (adultes et enfants) présents, et plus de 2000 blessés et d'abominables exactions. Et après l'émotion, la division. De quoi raviver le conflit israélo-palestinien et l'antisémitisme ambiant.

Arthur, prend la plume. Il n'explique pas. Il raconte. Il raconte le jour où il a exprimé de façon claire qu'il était juif et qu'il soutenait Israël où il se rend d'ailleurs régulièrement. Et à partir de ce moment, les portes qui se ferment, les amis qui lui tournent le dos, les insultes sur les réseaux, les menaces de mort, son service de sécurité, ... Il dit tout haut ce que les juifs de France taisent. Par pudeur. Par peur.
J'ai trouvé les premières pages terriblement poignantes, écrites avec les tripes. J'ai lu doucement, pour appréhender ce cri déchirant. Son récit est ensuite plus structuré, parfois maladroit mais toujours humain. Le sujet est sensible, son écriture et ma lecture le sont  aussi. Les amalgames ne sont jamais loin et continuent de tromper le monde. Un mot de travers et la communication est rompue, l'opinion renversée. Arthur le sait bien, il est un homme de communication.

L'animateur raconte aussi son filleul Noam, israélien et mobilisé sur le front. Ses inquiétudes de le savoir au plus près du conflit.
Et il consacre quelques chapitres à des otages, pour leur donner une existence propre, pour qu'ils ne soient pas oubliés dans les chiffres.

J'avais peur de ce que j'allais lire. Ce n'est pas une plainte, c'est un cri que livre Arthur, devenu malgré lui, un des porte-paroles des juifs de France. Je ressors de ma lecture abasourdie par cette situation antisémite écœurante. Les leçons de l'Histoire n'ont pas toutes été tirées et les plus vieux griefs s'agitent encore, et l'indifférence biaise le discours.

A lire, pour ne pas fermer les yeux...


Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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