Mon mari,
Maud Ventura,Ed. L'Iconoclaste, 2021
Mot de l'éditeur :
C’est une femme toujours amoureuse de son mari après quinze ans de vie commune. Ils forment un parfait couple de quadragénaires : deux enfants, une grande maison, la réussite sociale. Mais sous cet apparent bonheur conjugal, elle nourrit une passion exclusive à son égard. Cette beauté froide est le feu sous la glace. Lui semble se satisfaire d’une relation apaisée : ses baisers sont rapides, et le corps nu de sa femme ne l’émeut plus. Pour se prouver que son mari ne l’aime plus – ou pas assez – cette épouse se met à épier chacun de ses gestes comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre, elle le trompe pour le tester. Face aux autres femmes qui lui semblent toujours plus belles, il lui faut être la plus soignée, la plus parfaite, la plus désirable.
On rit, on s’effraie, on se projette et l’on ne sait sur quoi va déboucher ce face-à-face conjugal tant la tension monte à chaque page. Un premier roman extrêmement original et dérangeant.
Dealer : prêté par une copine
Ma lecture :
Depuis sa sortie en 2021, cette couverture m'intrigue. Enfin, la femme de la couverture m'intrigue, plantée là devant sa fenêtre, apprêtée comme une Barbie des années 50 et avec ce regard à la fois vague et froid... Pas un cheveux ne s'échappe de sa mise en pli.
Dans ce roman, il est question de cette femme, follement amoureuse de son mari. Follement, comprenez bien le sens. Elle note tout dans un cahier : quand il lui a pris la main, quand il l'a embrassée ou fait l'amour, ... Elle note aussi ses écarts : il ne lui a pas dit "bonne nuit", il ne l'a pas enlacée, il a trop utilisé son téléphone devant la télé au lieu de penser à elle... Et dans ces cas, elle le punit sournoisement, imperceptiblement : elle attendra deux de ses appels pour daigner lui répondre, elle ne lui caressera pas la main...
Maud Ventura écrit à la première personne du singulier, alors le lecteur partage la folie amoureuse de cette femme. Elle n'a pas de nom, d'ailleurs. Lui non plus, c'est toujours "mon mari". Mon mari, mon mari, mon mari. Ses enfants ? Elle ne s'en soucie guère, les évoque à peine. Ils font juste partie du contrat de mariage mais elle aurait bien pu s'en passer. Elle veille cependant à ce que tout soit sous contrôle, son contrôle. Que tout paraisse parfait, qu'on envie son mari, qu'on envie son amour. Qu'on l'envie. Qu'on ne voit pas sa paranoïa, sa peur absurde qu'il la quitte pour une autre ou pour un autre.
J'ai beaucoup aimé ce récit original, machiavélique, dérangeant et tout à la fois jouissif. Cette femme, cette épouse parfaite, on la déteste, on l'adore, on la craint.
Et la cerise sur le gâteau, à la toute fin, est particulièrement délicieuse.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?