Le chagrin des vivants

Le chagrin des vivants,

Anna Hope,
Ed. Gallimard, 2016
(Wake, 2014)

Mot de l'éditeur :

Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière.
À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse.
Dans une ville peuplée d’hommes incapables de retrouver leur place au sein d’une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.



Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon

Ma lecture :

Angleterre, 1920.
Les rues sont peuplées de mères et de femmes brisées par la mort de leurs fils et maris sur les fronts de France. Les rues sont peuplées d'hommes brisés par les obus des fronts de France. Mais il faut pourtant vivre, avec, au cœur, ce chagrin propre aux vivants...

J'ai choisi ce roman d'Anna Hope, Le chagrin des vivants, pour entamer mon mois anglais (#lemoisanglais). Elle revient sur la fin de la guerre 14-18 et surtout sur le rapatriement du Soldat Inconnu en Angleterre. L'Angleterre, comme l'Europe, est endeuillée et blessée par les affres de la première guerre mondiale. Partout, des monuments s'érigent en hommage aux morts. Mais qu'en est-il des disparus ? Ceux que l'on a jamais retrouvés ? Le Soldat Inconnu représente tous ceux-là. Le fils, l'époux, le père, le frère qui ne reviendra jamais mais qu'on ne peut honorer sur une tombe. Alors les mères, les épouses, les filles, les sœurs sont venues nombreuses autour de Westminster Abbey pour apercevoir le cercueil de ce soldat. De leur soldat. 

Chacune a son histoire. Hettie est danseuse de compagnie au Hammersmith Palais. Chaque soir, pour 6 pence, elle danse avec un soldat. C'est sa façon à elle de poursuivre l'effort de guerre en apportant du baume au cœur de ces hommes brisés. Ada, elle, ne se remet pas de la mort de son fils Michael et croit le voir partout. Elle ne comprend pas pourquoi elle n'a jamais eu d'explications autour de sa mort. Et s'ils s'étaient trompés ? Ou...cela cache peut-être un autre drame de la guerre ? Et enfin Evelyn, jeune veuve de guerre, et sœur d'un soldat revenu cherche à ranimer la vie des soldats au bureau de pensions où elle travaille. Mais rien n'est simple. Le monde d'avant est englouti sous les décombres du nord de la France. Un nouveau monde se prépare. Quelle place chacun peut y trouver ?

Je m'attendais à un coup de cœur radical, après ma lecture de Nos espérances. Mais le style plus lent, plus délicat, plus...anglais apporte certaines longueurs au roman. Ma lecture en a été freinée. Néanmoins, ces longueurs imposent un temps au ralenti, le temps du recueillement et de l'espoir. Ce Soldat Inconnu rapatrié à Londres n'est-il pas le point final de la guerre ? Une page se tourne, celle des drames et de la mort pour laisser place à la vie. La vie du monde d'après où tout reste à reconstruire physiquement et socialement. Les vivants doivent juste apprendre à vivre avec le chagrin des vivants...

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