lundi 18 janvier 2021

La Pâqueline

La Pâqueline,

ou les mémoires d'une mère monstrueuse,
Isabelle Duquesnoy,
Ed. La Martinière, 2021


Mot de l'éditeur :

Maudite année 1798 pour la Pâqueline ! D'abord le procès de son fils Victor, qui lui vaut une réputation ignominieuse. Et maintenant l'incendie de sa maison ! Réfugiée chez son rejeton, qui a fait fortune de son métier d'embaumeur et de trafics d'organes, exaspérée, elle accouche d'une idée diabolique : elle va lui jeter au visage les secrets dramatiques de son enfance, en couvrant les murs de ses écritures. Et ira jusqu'à le dépouiller de ses richesses...
Mais quelle est cette femme, qui suscite le dégoût autant que l'éclat de rire et l'émotion ? Et quel est donc ce roman extraordinaire, qui marie finesse et outrance, méchanceté et tendresse, érudition et imagination – jusqu'à l'apothéose finale ? Un chef-d'œuvre étonnant et drôle, qui porte la patte d'un très grand écrivain, assurément.

Après le succès de L'Embaumeur, prix Saint-Maur en poche et prix de la ville de Bayeux, Isabelle Duquesnoy nous livre le portrait d'une mère abominable, qu'on se surprendra étrangement à aimer, écrit dans une langue époustouflante, entre préciosité du XVIIIe siècle et démesure rabelaisienne. Un écrivain inclassable et majeur de ce début du XXIe siècle.


Dealer : SP La Martinière, merci !

 


Ma lecture : 

En recevant ce roman, La Pâqueline ou les mémoires d'une mère monstrueuse, je ne savais pas dans quelle histoire je m'embarquais. Mais le nom Pâqueline sonnait de manière mystérieuse à mes oreilles...

Nous voilà donc dans le Paris de 1798 où le procès et le condamnation de son fils Victor offre une misérable réputation à Pâqueline. Il a fait fortune en qualité d'embaumeur, jusqu'à aller démembrer les corps pour faire prospérer sa richesse. Bref, Victor n'est pas vraiment le fils rêvé...

Sans le sous et à la rue après avoir vu sa maison flamber sous les flammes, Pâqueline s'octroie l'appartement richement meublé de son fils et décide de lui laisser ses mémoires. Elle les écrira sur chaque mur de l'appartement, en le dévalisant pièce par pièce pour se refaire une fortune. Elle lui livre son enfance miséreuse et misérable des faubourgs parisiens à la campagne normande. Sachez une chose, son enfance n'avait rien d'un doux rêve non plus... On y cause bordel, petite vie, prostitution, cupidité et viol.
La mère déchue ne cache rien à son fils qu'elle n'a jamais pu aimer, et se décharge des lourds secrets de sa vie. Elle n'a plus rien à perdre, plus rien à cacher. La voilà plus bas que terre, autant la remuer, la terre, justement, jusqu'à en extirper vers et os pourris. La Pâqueline n'a plus aucune morale et n'hésite pas à spolier Victor et à reprendre son commerce d'embaumement et de rafler les cadavres confiés : vêtements, peaux, os, ... Tout ce qui se revend est bon à prendre !
Oh, tenez, puisque nous sommes sur un blog littéraire, connaissez-vous ce joli passe-temps qu'est la bibliopégie anthropodermique ? Quoi ? T'as dit quoi, là ? Anthropo-quoi ? Bibliopégie anthropodermique : l'art de relier les livres avec du cuir naturel, du cuir humain, de la peau, quoi. Imaginez un ouvrage pareil dans votre bibliothèque... Ce n'était pas rare au XIXème siècle. Bref, voilà à quoi, se livre, entre autres, cette mère monstrueuse.

Isabelle Duquesnoy, pour conter l'histoire de La Pâqueline use d'une gouaille à la Jean Teulé, crue et teinté d'humour. Noir, bien sûr. Cela fleure parfaitement le faubourg parisien de cette fin de XVIIIème siècle, rats errants et cadavres purulents en prime. A chaque coin de rue, à chaque coin de sa mémoire, se cache un vice de l'âme humaine. Cette Pâqueline est immonde, odieuse, et pourtant, j'ai adoré son histoire. Ce monstre de femme a le côté détestable et attachant de Dr House, désolée pour la référence totalement anachronique. Elle est l'anti-héros par excellence, ignoble et attendrissante.

J'ai été transportée par l'écriture : un style détaché pour raconter l'horreur, un vocabulaire argotique de l'époque est comme un bonbon, tendre et acidulé. Surtout acidulé. Et dans toute cette monstruosité sans morale, c'est le Beau que l'ont finit par déterrer. Ou pas.
Un coup de cœur ? Probablement, moribond !


Avis des lecteurs:

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