lundi 21 août 2017

La part de l'autre


La part de l'autre,

Eric-Emmanuel Schmitt,
Ed. Albin Michel, 2001
Ed. Livre de Poche, 2003


Mot de l'éditeur :

5 octobre 1908 : Adolt Hitler recalé. Que se serait-il passé si l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...



Dealer : Mémorial des Civils dans la Guerre, Falaise



Ma lecture :

" L'erreur que l'on commet avec Hitler vient de ce qu'on le prend pour un individu exceptionnel, un monstre hors norme, un barbare sans équivalent. Or c'est un être banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi. Ce pourrait être toi, ce pourrait être moi. Qui sait d'ailleurs si, demain, ce ne sera pas toi ou moi ? Qui peut se croire définitivement à l'abri ? A l'abri d'un raisonnement faux, du simplisme, de l'entêtement ou du mal infligé au nom de ce qu'on croit le bien ? " 
[Eric-Emmanuel Schmitt, Journal d'écriture de La part de l'autre]


Dans son roman, La part de l'autre, Eric-Emmanuel Schmitt livre une biographie d'Hitler depuis son examen à l'Ecole des Beaux-Arts de Vienne, en 1908. Mais il ne se cantonne pas au plus simple, il présente deux personnages : le Hitler que l'on connaît, celui qui a été recalé aux Beaux-Arts et a fini dictateur nazi ; et un Hitler uchronique qui a été admis aux Beaux-Arts, a eu une carrière de peintre et a fondé une famille. A quoi se joue un destin ?
C'est osé et courageux de la part de l'auteur de se livrer à ce jeu de l'un et de l'autre. Le roman commence donc en 1908 et le lecteur suit de trois à dix pages de Hitler et de Adolf H. Le côté Hitler que l'on connaît offre une nouvelle vision historique du nazi en racontant des événements de l'intérieur, comme ses premiers émois d'adolescent, son expérience des tranchées durant la Première Guerre, son coup d'état manqué à Munich, ses derniers jours, ... Je ne dirai pas qu'on comprend mieux l'homme, je n'en ai même pas l'envie, mais ces traits éclairent sur sa personnalité et son destin.
Quant à l'autre Hitler, l'Hitler uchronique que l'on aurait préféré avoir est intéressant à suivre en parallèle du vrai. Cependant, il y a des épisodes un peu trop faciles, comme sa psychanalyse avec Freud, qui font de lui un personnage trop lisse, trop parfait, ce qui contraste parfois trop avec le vrai. Mais au fil de pages, la personnalité d'Adolf H. s'étoffe et devient attachante. Le dynamisme du récit trompe les quelques longueurs à noter dans l'histoire du Hitler uchronique.

L'idée de départ, et si Hitler n'avait pas été recalé aux Beaux-Arts ? est tout bonnement géniale. Le rythme dynamique de changement de personnages permet de comparer les deux Hitler et de se questionner sur l'Homme en général. Hitler est-il devenu Hitler parce qu'il a été recalé aux Beaux-Arts, ce qui l'a rendu définitivement aigri ? Alors que sommes-nous, nous autres, sommes-nous faillibles au moindre dérapage, au moindre couac de notre vie ?
J'ai aimé cette uchronie qui aurait changé le cours de l'Histoire et le destin de millions d'hommes et de femmes. Imaginer ce que serait le monde sans un personnage ou un événement déterminant de l'Histoire est une idée intéressante à creuser.

Bref, La part de l'autre est une lecture originale de l'Histoire et amène le lecteur à se questionner sur l'Homme, la destinée, ...  Eric-Emmanuel Schmitt livre là un roman particulier, novateur, et même s'il se heurte à quelques ecueils liés au thème de départ, j'ai été enchantée par cette lecture.



Avis des lecteurs:

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