L'écriture ou la vie,
Jorge Semprun,
Ed. Gallimard, 1994
Mot de l'éditeur :
Déporté à Buchenwald, Jorge Semprun est libéré par les troupes de Patton, le 11 avril 1945. L'étudiant du lycée Henri-IV, le lauréat du concours général de philosophie, le jeune poète qui connaît déjà tous les intellectuels parisiens découvre à Buchenwald ce qui n'est pas donné à ceux qui n'ont pas connu les camps : vivre sa mort. Un temps, il va croire qu'on peut exorciser la mort par l'écriture. Mais écrire renvoie à la mort. Pour s'arracher à ce cercle vicieux, il sera aidé par une femme, bien sûr, et peut-être par un objet très prosaïque : le parapluie de Bakounine, conservé à Locarno. Dans ce tourbillon de la mémoire, mille scènes, mille histoires rendent ce livre sur la mort extrêmement vivant. Semprun aurait pu se contenter d'écrire des souvenirs, ou un document. Mais il a composé une œuvre d'art, où l'on n'oublie jamais que Weimar, la petite ville de Goethe, n'est qu'à quelques pas de Buchenwald.
Jorge Semprun est mort il y a une semaine. L'occasion pour moi de repenser à ce grand homme que j'admire. J'ai eu l'occasion de le suivre en conférence, en colloque lors d'un week-end consacré à Semprun à Rennes, en 2007. j'en avais d'ailleurs parlé Ici (désolée, les illustrations n'ont pas l'air d'avoir survécu au temps). Et l'occasion pour ce blog de me rendre compte que je n'avais pas fait d'article sur son oeuvre magistrale : L'écriture ou la vie. Ma dernière année à la fac de Lettres s'était terminée par un module consacré aux univers concentrationnaires, j'ai donc pu étudier Semprun en profondeur, c'est là que mon admiration est née.
Dans cet ouvrage, Semprun revient sur, confit-il, la période la plus importante de sa vie : l'épisode Buchenwald. Il va plus loin que raconter son quotidien concentrationnaire. Il évoque sa difficulté à écrire sur cette période, il se passera presque vingt ans avant qu'il écrive Le grand voyage.
L'homme de Lettres et de Philosphie livre alors une oeuvre remarquable sur ce thème : Le grand voyage, Quel beau dimanche ! , L'écriture ou la vie.
La fiction ravive les souvenirs, ou l'inverse ? Toujours est-il que Semprun, un peu à la manière de Modiano, nous entraîne dans l'ombre des camps, dans l'ombre de sa vie.
Je ne saurai que trop vous conseiller la lecture de L'écriture ou la vie, l'approche de cet homme de combat, qui, dès la libération de Buchenwald, reprenait clandestinement ses activités au Parti Communiste espagnol.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?