La Couleur des sentiments,
Kathryn Stockett,
Ed. Actes Sud, 2011
Mot de l'éditeur :
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
La jeune bourgeoise blanche et les deux bonnes noires, poussées par une sourde envie de changer les choses malgré la peur, vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
Dealer : Boîte à lire de mes quarante ans
Ma lecture :
Il prenait la poussière depuis une quinzaine d'années dans mes étagères et il aura fallu qu'on me l'offre à nouveau dans la boîte à lire de mes 40 ans pour me convaincre de le lire.
Immersion dans le Mississipi des années 60. La ségrégation règne encore en maître et règle cette société américaine. L'autrice pousse la porte des villas des bourgeoises blanches aux robes amidonnées pour nous faire découvrir le quotidien des bonnes, noires. L'argenterie à faire briller, les chambres à faire, les enfants à s'occuper, les repas à cuisiner, ... Et leurs places tellement fragiles au sein de ces familles : au moindre faux pas, elles sont renvoyées, calomniées et parfois envoyées en prison. Le Ku Klux Klan sévit toujours, ne l'oublions pas.
Miss Skeeter, jeune femme blanche élevée par son inoubliable bonne, noire, Constantine décide d'écrire un livre sur les bonnes pour mettre leur quotidien en lumière. Elle veut aussi découvrir pourquoi Constantine a disparu sans la prévenir. Celles à qui l'on confie enfants et maisons sont traitées de manière tout à fait particulière. Elles ont accès à leur intimité mais n'ont absolument pas le droit d'utiliser leurs toilettes, il ne faudrait pas attraper les virus des noirs. Elles ont également accès à de nombreux secrets cachés dans les tiroirs mais leur parole est toujours méprisée. Elles ne sont que menteuses, voleuses et bavardes. Et l'intolérance et l'injustice dictent les codes.
Miss Skeeter convainc ces bonnes de parler, de délivrer leurs vérités. Elles ont tout à y gagner... et tout à y perdre. Dans le plus grand secret, elle recueille leurs confessions, leurs attachements aux enfants qu'elles élèvent à la place des leurs, leurs doutes, leurs humiliations mais aussi la solidarité entre bonnes.
Un roman fort inspiré par l'expérience de l'autrice, élevée par une bonne noire à Jackson, Mississipi. Les personnages, parfaitement campés, sont attachants et peignent la société américaine des années 60, dictée par les lois raciales et patriarcales et dominée par les blancs.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, merci Delphine !
Quand je lis, mon esprit s'emballe !