Le jardin de Georges,
Guénaëlle Daujon,Ed. Intervalles, 2024
Mot de l'éditeur :
Un matin de juillet 1897, Georges Delaselle découvre une petite île bretonne en face de Roscoff : l’île de Batz. Artiste amateur, il vient y écrire et y dessiner loin de la capitale où il est né. Il tombe aussitôt amoureux de deux hectares de terre et de sable à l’est de l’île, qu’il décide d’acquérir pour y réaliser son rêve : un jardin exotique, créé à partir de graines venues du monde entier.
Ami des Vilmorin et des impressionnistes, Georges est fasciné par le règne végétal. Année après année, croquis après croquis, il sculpte son paradis. En 1918, on lui diagnostique la tuberculose et il s’installe définitivement sur l’île, à plus de 50 ans. On le croit condamné mais plus le jardin avance, plus la maladie recule, et le désert du bord de mer se met à germer.
Dealer : Bibliothèque de Sibiril
Ma lecture :
J'ai découvert ce roman dans le cadre du prix littéraire de mon réseau de médiathèques, Au creux des mots. Il fait partie, avec La petite bonne, des cinq sélectionnés.
Le jardin de Georges. Ici, on connaît tous le nom Georges Delaselle : un jardin de l'île de Batz porte son nom. Son jardin. Mais lui ? Le connaît-on vraiment ?
Guénaëlle Daujon a décidé de revenir sur l'histoire de la création de cet écrin botanique battu par les vents.
Les bretons ont une forte tendance à être chauvins (en même temps, on a de quoi, non ? ^^), donc quand on peut lire des romans sur notre patrimoine, on a toujours du plaisir !
Et Guénaëlle Daujon offre une véritable ode au jardin Delaselle.
Georges, assureur parisien, aquarelliste à ses heures perdues, découvre l'île de Batz, cette île au large de Roscoff, dans le Finistère Nord, alors appelée "l'île sans arbre". Lui, l'homme sans attache se sent immédiatement chez lui, au plus profond de lui-même. Il achète un lopin de terre de quelques hectares. Un terre rocheuse, battue par les vents, où rien ne pousse, disent les agriculteurs iliens. L'aquarelliste pose ses pinceaux, mets les mains dans la terre et peint un nouveau paysage. Il déstructure le site, y construit des paliers, creuse, plante, aménage. Trop de vent ? Il plante des cyprès, rempart naturelle contre ce vent. Son jardin, telle une aquarelle, prend forme peu à peu. L'esquisse est prometteuse. Et bientôt éclatent les couleurs. C'est une poésie de la terre qui s'impose.
Georges est dévoué à son jardin. Le jardin est d'ailleurs le personnage principal du roman. Il est totalement personnifié. Il lui a même sauvé la vie : condamné à mort en 1918 par la tuberculose due au mauvais air de Paris, il revit dans les embruns. Le jardin est la famille de Georges, pas étonnant qu'il lui ait laissé son nom. Ce Parisien, qui a eu beaucoup de mal à s'intégrer parmi les îliens, lui l'étranger, est aujourd'hui une figure majeure de l'île. Enfin son jardin. Et son nom. L'œuvre de sa vie, monumentale, perdure 80 ans après sa mort.
Et même la tempête dévastatrice de novembre 2023 n'aura pas eu raison du jardin car chacun y est attaché. Ceux qui mettent les mains dans la terre. Ceux qui coupent les arbres tombés à terre. Et ceux qui misent financièrement pour que la poésie du jardin irradie encore les cœurs.
Le jardin de Georges ? Un coup de cœur inattendu.
Le rendez-vous est pris pour une rencontre avec l'autrice le samedi 19 avril 2025, in situ, entre la bibliothèque de l'île de Batz et ce fabuleux jardin colonial.
Avis des lecteurs:
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