lundi 6 février 2023

Le bureau d'éclaircissement des destins

Le bureau d'éclaircissement des destins,

Gaëlle Nohant,
Ed. Grasset, 2023


Mot de l'éditeur :

Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent.
Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent. 

 

Dealer : Espace Culturel, Landerneau (29) 


Ma lecture :

Rien qu'à la couverture : titre, jaquette illustrée, auteur, je savais que ce roman serait un coup de coeur.
En effet, j'avais été, il y a quelques années, subjuguée par La Part des flammes, de Gaëlle Nohant.  

Je ne savais pas, mais après la guerre, une organisation s'est formée pour compiler les objets retrouvés dans les camps de déportation, il s'agit de l'ITS : l'International Tracing Service. Ceux qui y travaillent sont chargés de retrouver les propriétaires (bien souvent, les descendants) de ces objets. C'est ici qu'Irène, Française expatriée en Allemagne, travaille depuis les années 90. A partir d'un médaillon, d'une bague ou d'une peluche, elle doit tisser des liens pour retrouver l'histoire et le destin de ces propriétaires. Elle met parfois le doigt sur des secrets que les déportés ont emporté avec eux.

Irène mène de véritables enquêtes pour relier un souvenir oublié au présent, quitte à s'oublier elle-même. Son mariage n'a pas tenu à la ténacité qu'elle voue à son travail et à bousculer les mémoires. L'antisémitisme du passé n'a pas disparu dans les camps puisqu'il reste ancré dans certaines habitudes et refait brutalement surface lors d'attentats contemporains.

Le sujet est, évidemment, délicat, et l'écriture sensible de Gaëlle Nohant lui apporte toute la pudeur et la retenue nécessaire. Elle mêle le passé et le présent dans une lumière pertinente, celle qui révèle des secrets, des non-dits. Celle qui éclaire et qui libère.

Ce roman n'est pas un énième ouvrage sur la Shoah, il offre une vision nouvelle qui interroge davantage.
Gaëlle Nohant donne la parole aux oubliés des camps et de l'Histoire.

C'est un grand coup de coeur, tellement grand qu'il me faudrait trouver un autre mot pour partager cet émoi. Bravo. Et merci pour cette Littérature au service de l'Histoire. Avec deux majuscules, évidemment.


Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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