jeudi 23 janvier 2020

Retour à Birkenau

Retour à Birkenau,

Ginette Kolinka,
Ed. Grasset, 2019

Mot de l'éditeur :

"Moi-même je le raconte, je le vois, et je me dis c'est pas possible d'avoir survécu..."
Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 à Avignon avec son père, son petit-frère de douze ans et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Auschwitz-Birkenau : elle sera seule à en revenir, après avoir été transférée à Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt. Dans ce convoi du printemps 1944 se trouvaient deux jeunes filles  dont elle devint amie, plus tard : Simone Veil et Marceline Rosenberg, pas encore Loridan – Ivens.
Aujourd’hui, à son tour, Ginette Kolinka raconte ce qu’elle a vu et connu dans les camps d’extermination. Ce à quoi elle a survécu. Les coups, la faim, le froid. La haine. Les mots. Le corps et la nudité. Les toilettes de ciment et de terre battue. La cruauté. Parfois, la fraternité. La robe que lui offrit Simone et qui la sauva. Que tous, nous sachions, non pas tout de ce qui fut à Birkenau, mais assez pour ne jamais oublier ; pour ne pas cesser d’y croire,  même si Ginette Kolinka, à presque 94 ans, raconte en fermant les yeux et se demande encore et encore comment elle a pu survivre à "ça"...

Ma lecture :

Cette année, nous célébrons le 75ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz. Célébrer sonne faux. Mais en tout cas, nous en parlons et évoquons les déportés, rescapés ou mort. Je lisais il y a quelques jours qu'un français sur six ignorait ce qu'était la Shoah. Un français sur six !
Alors ces témoignages, comme celui de Ginette Kolinka reste précieux et nécessaire.


Ginette Kolinka aura mis plus de 50 ans à raconter sa jeunesse à Auschwitz. Depuis, elle sillonne les écoles françaises pour témoigner et prémunir les générations suivantes de tels excès.
Dans Retour à Birkenau, elle évoque son arrivée au camp, le déroulement des journées, ses rencontres avec Marceline Loridan ou Simone Veil mais surtout cet après. Lorsqu'elle retourne à Auschwitz, elle ne reconnaît rien. Absolument rien. Et se désole. Les jeunes générations viennent par cars entiers pour voir quelque chose d'insaisissable. Les odeurs, les bruits, le froid, la faim. La mort. Tout à disparu. La nature a repris ses droits et certains, mêmes, y font des batailles de boules de neige. Impensable.

La vie aussi a repris son cours. Ginette Kolinka a mené une existence très simple auprès de son mari et de ses enfants, dont Richard, batteur du groupe Téléphone. Mais même à eux elle a tu son histoire.
A 94 ans, elle fait partie des derniers rescapés encore vivants. Simone et Marceline ont déjà rejoint leurs disparus.

En cette fin janvier, dans cette froideur hivernale, prenez le temps de vous souvenir. Non, pas de vous souvenir. De quoi peut-on se souvenir, nous, nés après la guerre ? Mais prenons le temps de penser à ces camps, à leurs rescapés et à leurs disparus. Pour qu'ils existent le temps d'une lecture et laissent leur empreinte, encore en 2020.

J'ai lu beaucoup de témoignages et de fictions autour de la Seconde guerre mondiale et de la Déportation. Celui de Ginette Kolinka, court (44 pages) est un des plus percutants que j'ai pu lire. Elle ne raconte pas. Elle témoigne.

Bien sûr, lisez-le. Bien sûr !


Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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