Les vivants,
Ambre Chalumeau,
Ed. Stock, 2025
Mot de l'éditeur :
« Elle demande de répéter.
On demande toujours de répéter, alors qu’en fait on a très bien entendu.
Quelque part dans notre crâne, un globule blanc se lève et pète du coude la vitre à ne casser qu’en cas d’urgence, celle qu’on pensait ne jamais avoir à briser : on sait qu’on devrait déclencher un protocole spécial pour accueillir la nouvelle, sauf que personne n’a été briefé, les stagiaires sont incapables, en plus on est samedi soir les bureaux sont déserts, y’a bien les anciens qui sauraient quoi faire, les vieux neurones du fond là, paniqués en permanence, ils nous ont dit qu’un jour ça pouvait arriver mais on les écoute plus ils radotent tellement, et maintenant qu’on a besoin d’eux putain ils sont où ?
Et aussi simplement que ça, une nuit comme les autres devient un Début. »
Histoire du passage à l’âge adulte, histoire d’émotions contraires, Les Vivants est un premier roman à la sincérité désarmante où le drame et la comédie nous illuminent à chaque page.
Ma lecture :
Trois bacheliers prometteurs reçus dans les écoles qu'ils désiraient, pour mener la vie qu'ils visaient. Diane, Cora et Simon, une amitié belle et rare. Et puis à la rentrée, celle de toutes les promesses, Simon tombe dans le coma.
La journaliste Ambre Chalumeau publie son premier roman, sorti, dit-elle, de son bureau d'étudiante. Et effectivement, nous voilà ramenés au milieu des années 2000 où trois amis mettent un premier pas dans leur nouvelle vie, entre l'enfance et l'âge adulte. Diane entre en prépa littéraire, entourée de premiers de la classe, comme elle. Elle a une liste de livres longue comme deux bras à avaler en un minimum de temps. Et puis son téléphone sonne. Simon, son meilleur ami est dans le coma, foudroyé par un virus rare. Un coma, et ce sont les vies de Diane et de Cora qui sont, elles aussi, figées, bouleversées. Des promesse rompues, d'un seul coup. Leur quotidien est désormais la fac, le métro, et l'hôpital. Et de leur enfance insouciante, les voilà propulsées à l'âge adulte, sans douceur ni prépa.
Comment Diane et Cora vont-elles pouvoir continuer à avancer alors que leur meilleur ami est sur un lit d'hôpital, toujours présent, déjà absent ? Elles chavirent, se perdent dans leurs failles. Diane passe de l'élève brillante du lycée à l'élève médiocre. Cora se noie dans ses douleurs intimes brutalement réveillées.
Les vivants est un magnifique roman sur l'adolescence, ce fameux passage à l'âge adulte, le deuil, la fac, la prépa, l'amitié. La vie étudiante. Même amputée.
Au début de ma lecture, j'entendais et voyais la journaliste me lire son roman, mais peu à peu, l'écrivaine a pris le dessus et la journaliste s'est tue. Quelle écriture ! Juste, spontanée, pertinente, impertinente, sincère, pleine d'humour malgré le drame.
J'ai beaucoup aimé la fin, une fin littéraire, travaillée, comme un feu d'artifice. Eblouissante.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?