lundi 5 mai 2025

L'adversaire

L'adversaire, 

Emmanuel Carrère,
Ed. P.O.L., 2000


Mot de l'éditeur :

Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même.
L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien.
Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence.
D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura.
De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous.


Ma lecture :

Il y a des faits divers qui, des années après, hantent toujours. L'affaire Grégory, l'affaire Dupont-de-Ligonnès, l'affaire du Docteur Godard. L'affaire Jean-Claude Roman. Des affaires. Mais derrière ces affaires se cachent des victimes, des crimes, des mobiles, des circonstances. Des secrets inavouables. Des mensonges intenables.  De l'humain.

En janvier 1993, la famille Romand est retrouvée morte dans un incendie. Ce drame aurait pu être classé sans suite. Sauf que. Sauf que les parents Romands sont  eux aussi, retrouvés tués par balle à quelque kilomètres de là. Sauf qu'il y a un survivant dans l'incendie : Jean-Claude Romand. Et que, quand les enquêteurs creusent un peu, ils ne trouvent pas grand chose. Le mythe qu'il a mis des années à construire autour de lui s'effondre. Et il va devoir en répondre. Il se dit médecin chercheur à l'OMS, à Genève. Il a un train de vie important. Cependant, il n'en est rien : il n'a, en réalité, jamais été jusqu'à la deuxième année de médecine. Sa vie entière est un tissus de mensonges auquel il croit déjà lui-même.

L'auteur Emmanuel Carrère est fasciné par cette affaire et par ce mystificateur Jean-Claude Romand. Bien sûr que son personnage pourrait être le héros, l'anti-héros d'un roman. Et il va l'écrire pour tenter de le comprendre. Comprendre le parcours chaotique du mensonge.

Il est des affaires qui passionnent, et celle-ci en fait partie. L'auteur livre là, au-delà de raconter un fait divers, une réflexion sur la spirale du mensonge, sur la mystification d'une vie entière.

Cela fait des années que je voulais le lire, c'est chose faite. Merci Romain Puertolas de m'y avoir fait repenser (en effet, Romand et Ligonnès sont un peu...frères d'armes !).

Et je vous conseille la lecture, c'est un roman vertigineux !

Je vais maintenant écouter le podcast Affaires sensibles consacré à Jean-Claude Romand.


Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?