vendredi 18 avril 2025

À propos d'un village oublié

À propos d'un village oublié,

Véronique Mougin,
Ed. Flammarion, 2025

 

Mot de l'éditeur :

Oh, ce ne fut pas grand-chose, presque rien, à les entendre. Quand la traque commença, en 1940, les habitants de Mirabelle firent ce qu'ils purent pour aider Marguerite Stzurmpf. Pas grand-chose : une place au chaud dans le grenier et une assiette en plus, ni vu ni connu. Presque rien : un berceau pour son enfant, un coup de main pour les faux papiers, bouche cousue. Ce sont, en vérité, de précieux éclats de bonté que partage Véronique Mougin dans ce roman, mettant en scène les anonymes qui permirent à sa grand-mère d'échapper à la déportation. "Mes voisines, et le pasteur bien sûr, le fermier, plus la secrétaire de mairie... Dis donc, chérinette, tu réussiras à caser tous mes Justes, dans ton bouquin ?" On l'aura compris : il arrivera qu'au fil des pages retraçant son sauvetage Marguerite elle-même ajoute son grain de sel, malicieuse et têtue, mais après tout c'est son histoire, et y a-t-il jamais trop de mots pour dire le courage et la gratitude ?


Dealer : Espace Culturel Quéven


Ma lecture :

Véronique Mougin interroge ce qu'il reste de la mémoire de sa grand-mère pour en tirer la bouture de son roman : À propos d'un village oublié. 

Sa grand-mère a en effet été une enfant cachée pendant la seconde guerre mondiale. Elle doit, avec sa mère, son frère et son cousin, son salut à un village, Mirabelle. Rien ne prédestinait les habitants de ce village de montagne à cacher, dans leurs greniers, leurs caves ou à la vue de tous, des familles et enfants juifs. Et pourtant, boulangers, fermiers, chatelains, maire, gendarmes vont, en silence, fermer les yeux, fermer les portes. Des grains de sable dans la machine nazie. Suffisants pour la faire caler.

L'autrice rend compte, comme des chroniques, de chaque rouage ayant aidé à préserver la lumière dans les ténèbres. Avec gratitude, elle rend cette lumière aux habitants de Mirabelle pour leur courage silencieux, leur résistance discrète et évidente. Pas un n'a reçu de médaille car aucun ne voulait s'enorgueillir de ces lauriers. Il n'y a pas de gloire, c'était la guerre. Et malgré la guerre, les cœurs battaient encore assez forts pour contrer un système de pierres.

J'ai beaucoup aimé la structure du roman : des bribes de conversations d'outre-tombe entre cette grand-mère déjà décédée et sa petite-fille, puis, façon roman chorale, cette guerre qui se déroule, d'une porte à l'autre. 
Et ce que j'ai le plus aimé, l'écriture de l'autrice. Douce, sensible et poétique, teintée d'humour pour ne pas pleurer.

Un magnifique travail de mémoire et de gratitude. Un travail de vie.
Bravo !

Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?